Subarashii Asahi

I) e- Les bains

 

Au Japon, le bain n’est pas simplement hygiénique. Il s’agit d’un moment de plaisir et de relaxation, voir de méditation, un moyen d’oublier les tracas du quotidien et la fatigue. On laisse donc les vêtements et les soucis au vestiaire.

 

        Le bain japonais est une des rares pratiques japonaises à ne pas venir de la Chine. Il a son origine dans un rituel de purification par l’eau Shintoïste. Avant d’entrer dans un temple il convient de se purifier. Avant l’avènement des bains publics, les temples shintos furent donc les premiers endroits où les gens du peuple pouvaient se baigner. Il y a deux sortes de bains: "yu" le bain d’eau chaude et "furo" le bain de vapeur. Dans une première pièce, l’eau est chauffée dans une énorme marmite au dessus d’un foyer. La vapeur qui en résultait était conduite par un tuyau de bambou dans une deuxième pièce, la "yu-ya", où se trouvait également une grande cuve en bois ou en pierre qui, remplie d’eau, servait ce bain.

Les premiers bains publics apparurent aux VIIIème siècle (période Heian). Contrairement aux bains du temple où régnait le silence et où un yukata (kimono) blanc était obligatoire, dans les bains publics ont autorise la nudité et le bavardage. Ces bains étaient alors appelés "machiyu", littéralement "l’eau chaude de la ville". Mais c’est surtout durant la période Edo (début du XVIIème siècle-milieu XIXème), marquée par le développement des villes, que le bain devint un véritable lieu de détente et de plaisir. Les "sentos" (établissement de bains publics) se multiplièrent, la montée de la concurrence aussi et les services se multiplièrent comme la restauration des salles de repos, ou de laveurs (pour les femmes) et de laveuses (pour les hommes). Cette évolution en fit de véritables centres de vie sociale.

        Le développement de la pratique du bain à d’autre part été favorisé par une attitude très libérale vis-à-vis de la nudité, notamment dans les couches basses de la population. Cette attitude était fondamentalement différente de la pudeur qui prévalait en occident, où, à partir du Moyen-âge, la nudité était condamnée par la religion chrétienne. C’est d’ailleurs à cause des occidentaux qu’à la fin du XIXème siècle apparut la séparation des sexes dans les bains publics japonais. Aujourd’hui, le nombre de sentos décline régulièrement dût a la banalisation de la salle de bain ainsi que l’augmentation des coûts et les investissements pour rénover.

        Contrairement aux sentos, les bains de sources chaudes naturelles ("onsens") sont toujours très populaires. Le Japon, étant un pays volcanique, il compte environ 2 000 stations thermales, notamment dans l'Hokkaido, dont le cadre est souvent spectaculaire (paysages montagneux, gorges, bord de mer…). Les onsens avaient également à l’origine un caractère sacré. Du fait de leurs valeurs curatives, ils ont longtemps été vu comme des manifestations des "Kamis" (Dieux shintos) et sont au centre de nombreuses légendes. Ces bains se trouvant au sein des Ryokans (auberges traditionnelles japonaises), les onsens sont aujourd’hui devenus des destinations favorites de week end en famille, entre amis ou entre collègues de travail, favorisées par un marketing assez agressif (les métros et trains sont placardés d’une photo idyllique de onsen avec le plus souvent une jeune fille). La nudité engendrant une certaine complicité, le bain pris en commun renforce les liens.

        Dans une installation de bains, il y a deux zones bien distinctes: une zone sèche, où l’on s’habille et se déshabille et une zone humide qui outre la baignoire, comprend un espace pour évacuer l’eau permettant de se doucher en dehors du bain. L’étiquette veut en effet que l’on ne rentre dans le bain qu’une fois lavé, le même bain devant servir à plusieurs personnes, on utilise pour ça le "koshikake". Il s’agit d’un petit siège sur lequel on s’accroupit confortablement pour se laver et se rincer avant de rentrer dans le bain. Le "sunoko" est le nom du caillebotis que l’on trouve parfois à côté du bain et sur lequel on se lave.